LES DEPLACEMENTS DES TIREURS A L’EPEE – 2ème partie

L’OFFENSIVE EN FENTE OU EN FLECHE

Après un premier article sur la garde et les déplacements, notamment le pressing, je vous propose ici une analyse de l’offensive et des préparations de jambes qui précèdent.

Fendez-vous !

L’attaque est presque toujours réalisée en fente ou en flèche, précédée ou non de préparations. On observera cependant quelques attaques en marchant ou en bond avant. 

L’attaque en fente

Il est utile de préciser que la fente, au plus haut niveau lorsqu’elle constitue l’action initiale, est souvent précédée d’une préparation avec les jambes. On observe le plus souvent des attaques en ½ fente fente, marche et fente, bond-avant fente.

La fente réalisée sans préparation, sur un temps de jambe, s’exécute le plus souvent :

• sur la préparation adverse (on notera qu’il y a en fait toujours une préparation d’un côté ou de l’autre…),
• parfois en contre-offensive, dans le cas d’une attaque dans l’attaque.

Je précise que la formulation « attaque dans l’attaque » est un abus de langage puisque l’attaque, définie comme l’action initiale, ne peut pas s’exécuter « dans l’attaque ». Il faudrait écrire précisément : la contre-attaque en fente dans l’attaque, mais bon… 🙂

Enfin, l’attaque se poursuit dans certaines situations, par la continuation de la fente vers l’avant ou le redoublement, pour une remise, reprise ou corps à corps.

Observation de quelques exemples du travail de jambe précédent ou consécutif à la fente chez des athlètes de haut niveau

La préparation spécifique avec la ½ marche inversée

On peut observer certains tireurs utiliser une technique peu répandue et sans doute pas assez travaillée, qui pourtant semble donner d’excellents résultats.

Le tireur avance son pied arrière puis déclenche sa fente. Je nomme cette action : la ½ marche inversée suivie de la fente.

En fait, c’est une sorte de marche et fente, mais sur la base de la marche inversée.

L’avantage est assez considérable puisqu’on gagne la distance comme avec la marche, mais avec seulement 2 temps de jambe (2 appuis au sol) alors que la marche et fente en compte 3.

Certains suggèrent que de plus, le déplacement du pied arrière ne se voit pas. Je conserve cependant des doutes sur cette affirmation notamment après avoir observé le pressing agressif fait avec le déplacement de la jambe arrière chez Daniel Jerent dans l’article précédent…

Du reste, cette technique ne date par d’hier :

Observation spécifique de l’attaque en fente avec déplacement préalable du pied arrière.

Il est possible que le « tempo » d’une attaque en 1/2 marche inversée fente, soit différent de celui d’une attaque en marche et fente, notamment du fait qu’il y a un appui de moins. Il est donc probable que le tempo de cette action crée une rupture de rythme provoquant un déséquilibre et sans doute une difficulté pour anticiper et agir de façon appropriée pour l’adversaire.

Considérations sur l’apprentissage de cette coordination.

Néanmoins l’apprentissage de cette coordination reste, selon moi, très difficile notamment si l’élève a mécanisé la marche traditionnelle .

C’est pourquoi j’estime qu’il ne faut pas travailler la marche inversée seulement comme une technique, mais varier le travail de jambe afin de renforcer ce qu’on pourrait appeler « l’indépendance des jambes ».

En outre, systématiser l’avancée du pied arrière après le pied avant lors de la marche tend à créer un automatisme. Or fréquemment l’épéiste avance le pied avant pour provoquer l’adversaire et recule le pied arrière pour faire « tomber-court » l’attaque, par exemple !

Je précise que, selon moi, la marche inversée est plus facile à sentir et apprendre si l’on adopte une position de garde avec les pieds assez écartés.

Enfin, les déplacements de Garozzo dont j’ai fait état dans l’article précédent pourraient nous donner des pistes :

Marche inversée avec 3 appuis : Pied avant (petit déplacement), pied arrière (grand déplacement), pied avant pour retrouver une garde normale. En fait, c’est une marche inversée précédée d’une ½ marche.

Je propose maintenant quelques déplacements différents susceptibles d’offrir la possibilité d’explorer de nouvelles coordinations.

Afin de formaliser plus simplement ces déplacements, j’utilise les termes suivants :

• ½ marche : déplacement du pied avant vers l’avant dans une marche normale.  
• ½ retraite : seul le pied arrière recule.
• ½ marche inversée : le pied arrière seul avance.
• ½ retraite inversée : le pied avant recule

Il n’y a pas le souci d’une réalisation performante dans les images qui suivent, mais juste de mieux comprendre le mouvement.

Après ces quelques exemples, on peut aisément imaginer de nombreux exercices pour développer la coordination qui pourrait amener l’élève à améliorer ses coordinations de jambes et notamment celles qui lui permettraient de débuter son offensive avec le pied arrière.

L’attaque en flèche

2 types d’attaque en flèche :

• la flèche courte que certains appellent « fléchette ». Elle se fait juste sur la poussée de la jambe arrière et, en général, sur la préparation adverse. Parfois la poussée de cette jambe arrière s’accompagne d’une sorte de pas en avant et le croisement des jambes se fait après la touche.
• La flèche, que je qualifierai de longue par opposition à la précédente. Le mouvement débute par une poussée de la jambe arrière qui précède une poussée complète de la jambe avant, suivie d’un « shoot » du genou de la jambe arrière, propulsant le tireur vite et loin. L’action du train inférieur se rapproche alors du départ dans les starting-blocks des sprinteurs.

Différentes actions pour créer le déséquilibre

Dans tous les cas, il faut qu’un déséquilibre se crée pour accélérer le mouvement et orienter les poussées des jambes correctement vers l’avant. L’enseignant pourra proposer différentes préparations et chaque tireur devra trouver son organisation motrice pour créer ce mouvement efficacement. La constante reste que le bras débute le mouvement et constitue le 1er facteur de déséquilibre. Les préparations peuvent se faire en 1/2 marche flèche – Bond avant flèche – Bond arrière flèche – retrait du pied avant flèche …

Quelques images pour montrer quelques exemples !

Pour Conclure cette 2ème partie

Comme lors de l’article précédent, on constate de nouveau une grande variété des coordinations chez les athlètes de haut niveau, notamment pour ce qui concerne les préparations qui précèdent l’attaque en fente.

Il est crucial que les enseignants fassent travailler une grande variété de coordinations pour que chaque élève trouve ses stratégies d’actions. Il reste certains principes communs qu’il faudrait préciser scientifiquement.

Pour ma part, j’ai l’impression que le fait de diminuer le nombre d’appuis au sol est un facteur d’ accélération du mouvement. Cependant, si le facteur vitesse présente des avantages il possède aussi des inconvénients et notamment le conflit vitesse/précision bien connu et largement étudié par le passé, mais ce n’est pas le seul.

En effet, si la vitesse est un facteur d’efficacité pour surprendre l’adversaire, elle diminue le temps de réalisation du mouvement. Dans le cadre de l’apprentissage, l’attaque composée s’exécutera plus facilement sur 2 ou 3 temps de jambe que sur un seul temps. Par conséquent, il faut qu’à terme les élèves soient capables de maîtriser différentes coordinations de jambes qu’ils pourront adapter en fonction de leur projet tactique et de leurs compétences techniques.