Cet article vise à présenter une méthode structurée pour enseigner l’escrime. Selon moi, il est essentiel d’adopter une approche progressive pour construire l’activité de façon cohérente et logique.
Je propose donc deux étapes bien distinctes pour aborder l’escrime avec des débutants.
D’abord, une étape sans le fer. C’est-à-dire que l’arme ne peut pas entrer volontairement en contact avec la lame adverse. Par conséquent, à cette étape, l’arme ne peut pas être utilisée pour écarter le fer adverse, ni en attaque ni en défense. Ce sera donc le travail des jambes qui constituera le socle de cette première étape.
Ensuite, dans une deuxième phase, il sera possible d’utiliser le fer en défense. Le but sera alors d’acquérir la parade-riposte, tout comme le travail sur le passage de pointe et les feintes pour tromper les parades. Cependant, l’utilisation de l’arme pour préparer une attaque, telle qu’un battement, restera interdite. Bien évidemment, d’autres étapes devront suivre pour construire l’apprentissage vers l’escrime sportive traditionnelle. Mais les bases de la discipline seront posées.
ETAPE 1
C’est cette première étape que nous abordons ici et que nous détaillerons dans les 4 articles suivants. Cette progression et cette étape en particulier sont destinées à faire découvrir l’escrime à un public débutant. Elle convient particulièrement bien aux élèves du primaire, mais peut également être utilisée par un public adulte, qu’il soit en club ou non, qui découvre l’activité.
Cette première étape peut s’étendre sur une période de 6 à 12 séances pour les élèves, en considérant une séance hebdomadaire. Elle peut aller jusqu’aux vacances de la Toussaint pour les débutants en club.
LES objectifS
L’objectif principal de cette première étape consiste à sensibiliser les élèves à la notion de « distance ». Cette notion reste un élément constant et transversal de la pratique de l’escrime ; or trop souvent, les enseignants donnent une plus grande importance au travail de la main chez le débutant négligeant alors cette notion essentielle.
Néanmoins, la notion de « distance » est complexe et ne se résume pas à une simple mesure métrique. Faire une fente par exemple pour mesurer la distance qui nous sépare de l’adversaire et considérer que c’est la distance de touche est tout simplement une erreur.
La notion de distance est difficile à saisir pour les élèves, qui doivent tenir compte d’un aspect métrique (la distance entre deux adversaires) et d’un aspect temporel (le moment où il faut déclencher une attaque).
Vous comprenez donc que l’apprentissage de la « distance » ne peut se concevoir que dans le mouvement. Travailler cette notion en immobilisant les élèves dans une situation statique n’a aucun intérêt. C’est tout le sens de cette approche pédagogique.
L’Educ-Escrime est une forme compétitive dE L’ETAPE 1
En ce qui concerne l’enseignement scolaire, il est rare que l’on franchisse cette première étape. De ce fait, une pratique compétitive, calquée sur cette étape, que l’on appelle » Éduc-Escrime », est proposée aux élèves du collège jusqu’aux championnats de France UNSS. Nous avons consacré un article à cette pratique sans contact de fer, commune aux 3 armes, qui reprend les règles de priorité des armes conventionnelles.
L’EDUC-ESCRIME UNE PRATIQUE COMPETITIVE POUR LES SCOLAIRES
Pour conclure cette présentation
Pour conclure, je pense qu’il est nécessaire de mettre en place un apprentissage cohérent tout au long de la formation d’un escrimeur pour « construire » un pratiquant avec des bases solides. L’acquisition des compétences doit se faire avec une progression qui ne trouve pas sa logique dans un catalogue technique.
Il faudra donc centrer ces premiers apprentissages sur le travail des jambes pour les déplacements, sur la fente pour attaquer, et sur la notion de distance, qui est la clé de l’efficacité de l’offensive et de la défensive. C’est ainsi que les élèves pourront comprendre le « jeu de l’escrime », qui est avant tout fait de tactique et de pièges.
Les quatre articles à venir décrivent en détail les 4 compétences fondamentales de cette démarche d’apprentissage. Je vous propose une hiérarchie des savoir-faire à maîtriser ainsi que des situations pédagogiques pour l’acquisition de chaque compétence.