La première épreuve officielle d’Éduc-Escrime s’est déroulée en 2011 lors des championnats de France UNSS d’escrime à Dijon.
C’est une arme non électrique, en plastique qui se pratique avec « les kits premières touches ».
À cette époque, Les compétitions scolaires en Educ-escrime se déroulaient au fleuret et au sabre. Rapidement, les 2 pratiques sont réunies. Dès lors les compétiteurs pouvaient toucher sur la veste avec la pointe ou sur la tête avec le tranchant de la lame dans la même rencontre.
Désormais l’Éduc-Escrime est présente sur chaque championnat de France UNSS d’escrime pour les catégories benjamins et benjamines.
L’USEP également s’est emparé de cette pratique et certaines sections comme l’usep 94 dans le Val de Marne, propose régulièrement des stages de formation et des rencontres.
Cette arme offre ainsi la possibilité de faire de la compétition avec un matériel non électrique et peu coûteux. Les épreuves sont faciles à organiser et accessibles à des enseignants non spécialistes.
Qu’est-ce que l’Éduc-Escrime ?
L’Éduc-Escrime est une pratique compétitive issue de l’escrime traditionnelle et adaptée pour les scolaires. Les épreuves se tirent avec les armes en plastique du « kits premières touches » et ne présentent donc aucun risque.
Cette pratique s’adresse aux collégiens ou aux élèves du 1er degré qui ont suivi un cycle d’initiation d’escrime scolaire.
L’activité peut aussi être proposée à tous types de débutants, quel que soit leur âge comme une situation d’apprentissage.
Comment pratique-t-on l’Éduc-Escrime ?
C’est un combat sans contact de lames
Les contacts entre les lames sont interdits. Ni l’attaquant ni le défenseur n’ont le droit de frapper volontairement la lame adverse.
L’attaque a la priorité
Une convention proche de celle du fleuret et du sabre donne la priorité à l’attaque
Dans le cadre de l’Éduc-Escrime, l’attaque se définit, comme un déplacement continu vers l’avant qui se conclut par une fente.
La touche est portée :
- Avec la pointe sur la veste : « Pique veste » !
- La surface est alors représentée par la veste jusqu’au pli du coude et la bavette.
- Avec le tranchant sur le masque : «Tranche tête » !
- La surface est alors le masque.
Les assauts
Ils se déroulent sur une piste de 9m.
Pour pouvoir pratiquer dans des conditions de sécurité satisfaisante un espace de 20m sur 10m est suffisant pour faire évoluer une classe de 28 élèves ; une grande hauteur de plafond n’est pas nécessaire, cette activité trouve sa place dans de petits espaces.
La zone de combat
Elle mesure 5 m maximum, peut être réduite jusqu’à 4 m selon l’âge des pratiquants.
Avoir un pied dans la zone de combat suffit pour toucher ou se faire toucher.
La cabane
Au-delà de la zone de 5 m, on devient invulnérable
Dés que les 2 pieds sont derrière sa ligne, on ne peut ni toucher ni se faire toucher.
Cette zone d’invulnérabilité appelée « cabane » s’étend au-delà des lignes de la zone de combat
La défensive est la retraite
Elle permet de :
- faire tomber l’attaque trop court
- reculer dans sa « cabane » pour se mettre hors de danger ce qui constitue sa défense ultime
Dans ces 2 cas, le défenseur reprend la priorité et peut passer à l’offensive.
Dispositions réglementaires
Il est interdit de :
- Croiser les pieds
- De parer avec son arme
- D’armer le bras pour frapper violemment lors des touches sur le masque,
- D’utiliser le bras arrière pour se défendre
- De retourner plus de 2 fois dans sa « cabane » au cours d’une même touche.
- De rester camper dans sa « cabane ».
- De refuser le combat (non combativité)
Durée des matchs
Un match dure 2 minutes et se dispute généralement en 3 touches.
Spécifiquement dans le cadre de l’UNSS, les épreuves se déroulent sous la forme d’un relais mixte par équipe de 2 en 6 touches pour les poules et en 12 touches pour les tableaux.
Arbitrage.
L’arbitrage est accessible facilement aux élèves, notamment du fait de l’absence de contact des lames qui simplifie la lecture du jeu.
Ainsi les élèves parviennent à déterminer raidement les priorités et s’investir avec sérénité dans le rôle d’arbitre.
Ce rôle social permet aux jeunes d’acquérir des valeurs citoyennes, de s’affirmer, de respecter et de se faire respecter.
Lors des championnats de France de 2019 en Guadeloupe, il a été mis en place un mécanisme d’arbitres en binôme qui a donné de bons résultats.
Les tâches sont réparties de la façon suivante :
- Un arbitre de « tête », dont le rôle est d’analyser la phrase d’armes et d’attribuer les points.
- Un arbitre de « chaise », dont le rôle est de comptabiliser des « cabanes » et d’aider l’arbitre de « tête » au cas où celui-ci aurait un doute.
Afin de régler les situations les plus difficiles, l’arbitre de « chaise » pourrait à l’avenir être doté d’une tablette qui permettrait de filmer les séquences. Ce serait une aide à la décision dans les cas douteux ou lors d’une réclamation.
La finale du critérium national UNSS Educ-Escrime 2019 à la Guadeloupe
Les avantages et les inconvénients du concept d’Éduc-Escrime
Avantages | Inconvénients |
Construire simplement la logique attaque/ défense | Reléguer l’apprentissage de la parade à un 2ème niveau de pratique |
Produire un travail intensif du train inférieur communément appelé fondamentaux | Réprimer l’envie irrépressible de ferrailler des élèves |
Créer les conditions d’un apprentissage efficace de la notion de distance | Favoriser une attitude offensive |
Clarifier et simplifier de la notion d’attaque pour l’arbitre | Orienter la formation du débutant vers le travail des jambes au détriment du travail de la main. |
Amener naturellement l’allongement du bras lors de l’attaque et donc une coordination bras jambe satisfaisante. | Réduire la besoin de faire appel à un Maître d’armes pour assurer les cours d’escrime |
Favoriser le passage à l’offensive après la défensive et vice versa | |
Inciter la construction de projets tactiques comme la fausse attaque | |
Éviter l’apprentissage laborieux de la tenue de l’arme | |
Créer les conditions de réalisation de fentes poussées et percutantes | |
Favoriser l’apprentissage d’un REG efficace | |
Inciter l’élève à la prise de décision | |
Permettre à des enseignants non spécialistes de mener des cycles escrime en autonomie et de former des élèves pour des compétitions scolaires | |
Rendre l’escrime accessible et compréhensible par le plus grand nombre. | |
Proposer un sport de combat sans risque pour les élèves. |
Les origines de l’Éduc-Escrime
Mon ambition de rendre l’escrime attractive et accessible à tous s’est construite d’abord sur la base des cycles d’enseignement et l’ AS escrime. J’enseignais alors au collège Victor Hugo à Besançon comme professeur d’EPS de 1990 à 2005. Du reste, je me suis inspiré du système de « zone d’invulnérabilité » présenté par Annick Muguet en 1992, dans son document « Escrime et EPS, même combat ! », auquel j’ai ajouté l’interdiction de frapper la lame adverse.
Ensuite, le règlement de l’Éduc-Escrime a évolué après chaque championnat de France, notamment au cours de discussion avec mon collègue François Pelletier qui s’était particulièrement investi dans cette pratique au sein de son collège. Les comportements et les adaptations des élèves nous ont amenés à affiner les règles comme les « 2 vies par touches », la non-combativité, la mise en garde devant la « cabane » et la perte d’une vie avec un pied tandis qu’il faut les 2 pieds pour être protégé.
Enfin, je ne peux pas manquer d’évoquer la mémoire de Gilles Louisiade, mon ami, avec qui nous avons cogité sur les meilleures approches pédagogiques possibles pour dynamiser les séances d’escrime et accrocher des publics débutants. De nombreuses situations pédagogiques ont vu le jour dans ce « laboratoire pédagogique » des étés à la station des Arcs.
Les atouts de l’escrime pour une activité d’enseignement en EPS
le risque de blessure est quasi nul et inférieur aux autres sports de combat depuis la création des « kits premières touches »,
L’escrime est le seul sport de combat sans catégories de poids.
L’arme est identique pour chacun ce qui réduit les inégalités. Ainsi la masse et la force physique des pratiquants ne sont pas des éléments déterminants pour pratiquer et pour gagner des matchs.
Tout le monde peut se rencontrer et pratiquer ensemble, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes.
En cela, l’escrime favorise l’égalité des chances.
Même si la mixité n’est pas la règle en compétition, elle est la norme dans les salles d’armes. Des matchs mixtes sont régulièrement remportés par des filles.
Il n’y a pas non plus de morphotypes, comme dans de nombreux sports. Chacun peut se rencontrer sans risque et combattre avec ses qualités en conservant toutes ses chances.
La formation des enseignants est un élément incontournable pour développer la discipline
De nombreux maîtres d’armes interviennent et popularise l’escrime dans les écoles.
Cependant, il n’y a qu’environ 900 maîtres en activité sur le territoire et, si l’on s’appuie sur les chiffres du ministère, il y a :
48 950 écoles, 6950 collèges, 3750 Lycées en France.
6 565 850 élèves dans le 1er degré et 379 700 enseignants professeurs des écoles
3 414 350 collégiens et 21182 enseignants d’EPS en collège qui ont en moyenne 5 classes chacun.
Source : DEPP-MENJS
https://www.education.gouv.fr/reperes-et-references-statistiques-2021-308228
Face à cette réalité, il n’est pas envisageable que les maîtres d’armes puissent toucher un nombre d’élèves suffisant pour développer cette discipline.
En revanche, si une formation des enseignants, professeurs des écoles et professeurs d’EPS, se met en place sur la base d’une pratique simplifiée comme l’Éduc-Escrime et que des « kits premières touches » soient mis massivement à disposition des enseignants, alors l’escrime pourrait trouver une place importante au sein du monde scolaire